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Signé Cap-Haïtien

GASPIYA (Wilfrid Suprena)

Kriye pou Gaspiya Toupatou

Kriye pou Gaspiya Tou Tou...

Sa femme, ses proches, ses collègues de travail l’appelaient affectueusement, Gas ou Gaspiya, nouveau nom de baptême de Gesner Constant Calixte suite à la décision d’un commerçant Capois d’origine syro-libanaise, Jamil Marzouka, et du maire de la ville d’alors, Ludovic «Dodo Vincent», de faire appel à lui pour jouer le rôle de Père Noël avec une saveur capoise, pendant les festivités carnavalesques de l’année 1962.

Gesner Constant Calixte n’était pas du Cap. Il naquit un jour de la Saint-Valentin, le 14 Février 1926, dans la petite ville d’Anse-à-Foleur, dans le Nord-Ouest d’Haïti.

Après avoir pérégriné entre sa ville natale, Plaisance, le Cap et Port-au-Prince, Constant Calixte décida de s’installer avec toute sa famille au Cap-Haïtien à la fin de la présidence de Paul E. Magloire.

En 1961, le maire Ludovic Vincent, fit appel à lui pour devenir le principal chauffeur des camions gros cylindres préposés au ramassage des détritus dans les rues de la ville. À l’époque, la cité capoise avait la réputation d’être la ville la plus propre et la plus attrayante de la république.

Aussi, les périodes de fête de fin d’année et des festivités carnavalesques attiraient dans cette ville un nombre assez élevé de touristes internes et d’outre-mer.

C’était l’occasion rêvée par les commerçants de la place pour augmenter leurs chiffres d’affaires; pour les responsables gouvernementaux et municipaux de rivaliser d’intention et d’efforts pour conquérir les cœurs des résidents et des citoyens; pour les artistes et les artisans de se dépasser pour exprimer et présenter leurs meilleures œuvres d’art, déguisements originaux, fanaux et tableaux décoratifs.

C’est aussi à cette époque que l’idée du Père Noël Capois au Carnaval avait germé...Le duo, Jamil Marzouka et Ludovic Vincent, jeta son dévolu sur Gesner Contant Calixte pour jouer ce rôle!

À la question: Pourquoi lui?

La réponse fut qu’il était un fin danseur, qu’il était populaire, qu’il était dépensier, enfin un «gaspillard».

Depuis ce jour, Constant Calixte a cédé sa place à Gaspiya...Les Capois, les membres de sa famille et même ses amis d’enfance adoptèrent, pour ne plus le rejeter, le rejeter....Le pseudonyme Gaspiya.

La première sortie officielle de Gaspiya au carnaval du Cap date de 1962. Il était habillé en fait comme le Père Noël américain... Santa Claus.Il portait un gros veston rouge avec une bordure blanche aux extrémités et aux manches, un pantalon rouge rayé de blanc et de grosses bottes noires. Cependant Gaspiya était différent de Santa Claus de plusieurs façons:

Il n’avait pas de barbe blanche mais un large masque fait de feuilles de latanier séchées d’une forme mi ovale, mi arrondie donnant l’aspect d’une macrocéphalie. Gaspiya n’avait pas de cloche mais un vaporisateur rempli d’eau de Cologne pour parfumer les Carnavaliers et les gamins qui le poursuivaient à travers la ville...

Il portait une sacoche en paille dans laquelle il entreposait candies, bonbons, échantillons d’eau de Cologne qu’il distribuait à tribord et à bâbord sur son passage. Enfin, il attachait des dizaines de capsules de bouteilles d’eau gazeuse à ses bottes noires qui faisaient un bruit épouvantable á chacun de ses pas, façon d’attirer les gamins.

Les enfants et les moins jeunes qui constituaient sa suite chantaient à tue-tête - sur l’air religieux de Le voici l’agneau si doux, le vrai pain des anges - cette phrase: Et voici le Gaspiya qui nous donne des bonbons et des surettes ... et des parfums pour nous embaumer.

De 1962 à 1972, Gaspiya, sauf cas de maladie ne ratait aucune sortie pendant la période précédant le carnaval ou pendant les trois jours gras. Sa popularité alla en grandissant de même que ses supporteurs... Gaspiya était tellement prisé qu’il devait changer ses lieux de sortie chaque dimanche. Les jouisseurs, les gamins et adultes de toutes conditions sociales envahissaient son lieu de résidence en quête de surettes, de bonbons sucrés et autres présents des commerçants de la place...

Gaspiya attirait toujours derrière lui une foule relativement importante de gamins qui ne le craignaient point. En ce sens, il était différent de «Ti Kòk» , un autre déguisement de la ville, avec son dos voûté, son chapeau chamarré de plumes de dinde, son lasso et son long fouet qui provoquait la peur et même des «kouris» sur son passage. Gamins et adultes compris. Différent également de Madame Larco, un déguisement en couple, Madame Larco utilisait son long fouet pour tenir à distance tous les enquiquineurs qui voulaient s’approcher de ses fesses proéminentes pendant qu’il ( elle) éxécutait des pas de danse sur des rythmes Afro-cubains avec son «cavalier» tourbillonnant autour de lui ( d’elle) comme un aimant.

1972 fut la dernière année au cours de laquelle, Gaspiya se produisit à travers les rues la ville...En effet, des navires de croisière en provenance de l’état Floridien qui faisaient une escale de quelques heures au port du Cap recrutaient au besoin du nouveau personnel. Gaspiya était parmi les premiers capois sélectionnés.

En 1974, Gaspiya décida de s’installer définitivement dans la mégalopole américaine de New York où il vécut jusqu’en janvier 2009, mois et année de son décès.

Pendant une décennie, Gesner Constant Calixte aura marqué son passage au Cap, sa ville d’adoption comme un grand artiste en déguisement qui a enjolivé pour le rire et la détente nos dimanches et Mardi Gras....

Wilfrid Supréna
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