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Histoire

Premiers contacts : fouilles archéologiques à En-Bas-Saline

En-Bas-Saline est situé sur la côte nord-est d'Haïti à environ un kilomètre du village de Limonade (Bord de Mer) et à environ 12 kilomètres à l'est de l'actuel Cap-Haïtien. C'est l'un des plus grands sites de villages Taïno signalés en Haïti, couvrant une superficie d'environ 95 000 mètres carrés. C'est là qu'était implanté le village Taïno de Guacanagaric, cacique du Marien.

Retour sur le premier contact

La Santa Maria était le navire amiral du premier voyage de Christophe Colomb vers les Amériques et l'un des trois navires qui ont formé la flotte de ce voyage historique. Des documents d’époque indiquent que, pendant ce voyage, alors que Colomb naviguait le long de la côte nord de l'île qu’il a appelée par la suite Hispaniola, le navire s’est échoué et fut perdu sur un récif ou un banc de sable au large de ce qui est aujourd'hui la République d'Haïti dans la nuit du 24 au 25 décembre 1492.

Avec l'aide des Taïnos du village voisin alors dirigé par le cacique Guacanagaríc, les Espagnols ont récupéré la cargaison, les canons et le bois du navire naufragé. C’était le premier contact des habitants de l’Île avec les Européens. Guacanagaríc, le chef de la province de Marien – la province du Marien occupe aujourd'hui le Nord d'Haïti et le Nord-ouest de la République dominicaine – a offert sa ville comme refuge aux naufragés espagnols et leur a donné une ou deux de ses plus grandes maisons.

La perte de son navire va forcer Christophe Colomb à retourner en Espagne avec la Niña et la Pinta. Toutefois, Colomba laissé sur place 39 membres d'équipage en leur ordonnant de bâtir des fortifications (une tour et des douves) autour des maisons que leur avait données Guacanagaríc et de chercher de l'or. Selon les sources et le journal de Colomb, le fort construit sur ou à proximité du village Taïno, a été baptisé «la Navidad» ou «la Nativité» par les membres d’équipage l’ont érigé avec le bois récupéré de l’épave de la Santa Maria. Ce fort est considéré comme la toute première construction européenne sur le territoire désormais appelé le Nouveau Monde.

Christophe Colomb leur a promis de revenir les chercher l'année suivante. Néanmoins, lorsque Colomb est revenu au bout de neuf mois, le fort avait été brûlé, et l'équipage qu'il y avait laissé, était mort ou disparu. Le cacique Guacanagaríc lui a alors raconté que certains des hommes étaient morts en se battant les uns contre les autres ; cependant, la majorité d’entre eux avaient été tués lorsqu'un cacique Taïno rival a attaqué le village de Guacanagaríc et incendié le fort construit par les Européens. Colomb a crû la version que lui a racontée Guacanagaríc ; toutefois, il a choisi d'abandonner cette région comme site pour sa première colonie et a repris la mer vers l'est pour établir la ville de La Isabela près de l'actuelle Puerto Plata en République dominicaine.

Les experts croient que En-Bas-Saline est le site du village de Guacanagaríc, à la fois en raison de sa taille et de sa proéminence singulières dans la région et aussi parce que son emplacement est très proche de celui identifié dans les récits concernant l'épave de la Santa Maria, le vaisseau amiral de Christophe Colomb.

Les fouilles archéologiques du site En-Bas-Saline

C’est sur ce site que, sous la direction de Kathleen Deagan et le Bureau National d'Ethnologie d'Haïti, l'Université de Floride a entrepris des fouilles archéologiques entre 1979 et 1986. Les fouilles ont révélé que le village de Guacanagaric, qui existait depuis 300 ans à l'arrivée de Christophe Colomb en 1492, est l'un des sites les plus grands et les plus complets de la Caraïbe.

Les fouilles à En-Bas-Saline ont permis de localiser une très grande structure brûlée sur un monticule près du centre du site où presque tous les artefacts européens (y compris une balle de mousquet en plomb et de la poterie espagnole) et des os d'animaux européens - rat et porc ; ces animaux n’existaient pas sur l’île avant l’arrivée des Européens- ont été trouvés. La datation au carbone 14 a confirmé également que la structure était présente en 1492. C’est donc l’emplacement le plus probable pour le Fort «La Navidad», et la brève occupation espagnole du site en 1493.

Le village de Taïno à En-Bas-Saline a été occupé par les Taïnos jusqu'aux environs de 1520. Pendant ce temps, la ville espagnole de Puerto Real a été établie en 1503, à environ deux kilomètres du site d’En-Bas-Saline. Il n'y a cependant aucune indication archéologique que des Européens aient vécu à En-Bas-Saline après l'abandon du fort «La Navidad» par Christophe Colomb.

119 169 pièces archéologiques (objets, restes de plantes, os d'animaux aussi bien Taïnos qu'espagnols) ont été récupérées lors de ces fouilles. Ces artéfacts sont actuellement conservés au Florida Museum of Natural History aux États-Unis pour le compte du gouvernement haïtien dans le cadre d'un accord de coopération entre l'Université de Floride et le Bureau National d'Ethnologie d'Haïti. Cet accord prévoit également des possibilités de formation et de recherche pour les étudiants ainsi que des instructions sur la conservation et les méthodes de laboratoire.

Parmi les 119 169 artéfacts récupérés grâce aux fouilles, 73 303 provenaient de contextes non perturbés sous la zone contemporaine. Des exemples peuvent être vus dans la galerie d'artéfacts au Musée, en Floride.

Les articles liés à la préparation et à la consommation des aliments (principalement des récipients en céramique) représentaient plus de 98 % de tous les artéfacts. Il s'agissait presque exclusivement de poterie Carrier, une variante locale de la sous-série de poterie Chican-Ostionoïde, qui se distinguait par des types spécifiques de pâte, des techniques de fabrication, des modes décoratifs et des formes de récipients.

D'autres catégories d'artéfacts comprenaient des ornements et des perles en coquillage, en os et en pierre, des poids de pêche, des plaques de cuisson, des outils en coquillage et en os et des timbres pour faire des motifs sur du tissu de coton. (1)

Signalons que dans un rayon de deux kilomètres du Parc Industriel de Caracol se trouvent trois sites archéologiques importants d'une valeur historique et culturelle inestimable : le village Taino de Guacanagaric, le fortin de la Navidad et la ville hispanique de Puerto Real.

Des fouilles ont été entreprises sur les trois sites par l'Université de Floride et le Bureau National d'Ethnologie d'Haïti (2) dans les années 1980. Ces recherches ont fait l'objet de publications dans le Bulletin du Bureau National d'Ethnologie.

Aujourd'hui, l'emplacement de l'ancien village de Guacanagaric est recouvert d'herbes et sert de pâturage aux chèvres. Malgré leur grande valeur historique, ces trois sites archéologiques ne sont pas protégés. En effet, dit le responsable de la section de muséologie du Bureau National d’ethnologie, Louis Lecoin « l'une des plus grandes menaces de notre patrimoine archéologique, c'est son pillage. Les sites de Puerto Real et En-Bas-Saline se font visiter par des intrus qui n'ont aucune autorisation du Bureau national d’Ethnologie. Depuis 1994, certaines fouilles ont eu lieu dans les eaux territoriales haïtiennes dans des conditions peu transparentes. Des institutions nationales comme le Bureau national d’Ethnologie ou l’'Institut de la Sauvegarde du patrimoine (ISPAN) sont ignorées. L'enjeu est de taille puisqu'il s'agit d’abord d'un bien ou d'un patrimoine national. À part la dimension économique et financière, il y a un aspect culturel et scientifique qui relève du domaine archéologique.»(3)

Source : Compilation Tet Ansanm pou Okap

Références :

1) Deegan, Kathleen & Cruxent, José Maria. . From Contact to Criollos : The Archeology of Spanish Colonization in Hispaniola

2) Florida Museum of Natural History Material Remains, En Bas Saline, Haïti.

3) Université de Floride et Bernard Bérard. En Bas Saline : A Taíno Town at the Time of Columbus and Before

4) : Bureau national d'Ethnologie: quelle délicate mission?

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