Skip to main content
Langue capoise

NOS BEAUX MOTS CREOLES : BOUMBA ; GOUMBA AKE ZOUMBA (Max Manigat)

BOUMBA : pirogue.

Mot d’origine incertaine. Jules Faine propose deux étymologies :

1) « peut-être de l’indien caraïbe, comme « camoa, piragua (pron. piragwa) pour pirogue, etc. ;
2) peut-être de de l’anglais « bumboat : bateau à provisions » petit canot à victuailles. » (FJ.II-346)
Cette dernière supposition rappelle ce vers du célèbre poème:

Marabout de mon cœur d’Émile Roumer:

« Ta fesse est un boumba chargé de victuailles.»

Le boumba est aussi appelé : bwa fouye : bois fouillé. » (MCNH, p. 78.)


GOUMBA [N] ; GOUNBA : poisson armé, tétrodon.

Mot d’origine inconnue probablement caraïbe – taïno ; synonyme de foufou. Aussi appelé poisson armé. Toujours consommé. Il y a un art d’enlever les piquants. On le dit succulent quand il est bien préparé. Le Père Labat en donne une illustration dans le tome III-251 de son ouvrage. Nos principaux livres de cuisine ne le mentionnent pas.

Parlant du : « goumba », Lodewijk Peleman commente:

« se vyann tou sèl, nanpouin zo : seulement de la chair sans os.»

Il ne l’assimile pas au foufou.

Le goumba serait comparable au « tétrodon » défini dans: Le Petit Larousse illustré:

« Poisson ostéichtyen (poisson osseux) des mers chaudes dépourvu d’écailles mais au ventre couvert de piquants érectiles, appelé poisson-globe pour sa faculté de se gonfler d’eau ou d’air quand il est menacé. … le tétrodon renferme dans ses viscères un poison mortel. »

Grann Mari (Marie Pierrot) grand-mère de mon frami le peintre et portraitiste capois, Jacques Jacquelin Garçon, était experte dans la préparation du goumba ou foufou qu’elle appréciait beaucoup. Elle prenait la précaution de garder les piquants du poisson pendant trois ou quatre jours après sa consommation pour voir si aucun des mangeurs de ce mets succulent ne souffrait de maux d’estomac. Dans ce cas , elle faisait bouillir les piquants et servait une tasse de ce liquide au membre de la famille, incommodé. C’était le contre-poison efficace.

Le « poison mortel » du goumba serait à la base d’une des préparations utilisées pour transformer une personne en zombi. Un chercheur canadien Wade Davis se rendit en Haïti, dans les années 1980, pour percer le secret des zombis. Il publia deux livres:
« The Serpent and the Rainbow », et : « Passage of Darkness : The Ethnobiology of the Haitian Zombie »
sur ces expériences haïtiennes. On a tiré du premier un film raciste et d’un sensationnalisme de mauvais aloi.

Ne pas confondre : goumba : poisson et boumba : pirogue. »

FOUFOU [N] :

1) foufou, purée de farine de manioc, de banane verte, de fruit à pain ou de patate ; poisson au corps couvert de piquants. 1.Mot d’origine kikongo que je connais depuis mon adolescence.
Jules Faine dans sa Philologie créole et Jeannot Hilaire dans son Lexicréole ne le mentionnent pas ;

Lodewijk Peleman le présente, seulement, comme

« un petit poisson de mer plein d’épines »

par contre Pierre Anglade l’a trouvé « en Angola et aux deux Congo » avec « le même sens qu’en créole. » (AP-99) Pierre Swartenbroeckx propose la définition suivante pour

« fùfú (pron. foufou) ; mfùmfú (pron. mfoumfou)… » : « … farine, cossettes ou petites boulettes de manioc séché ; gruau ou bouillie qu’on en tire. » (SP-79)

Le Petit Larousse illustré soumet le mot africain foufou:

1.« Farine de manioc cuite à l’eau et servie sous forme de boule. »
2. Autre nom du goumba : tétrodon. » (MCNH, p. 137)

Zoumba [N]

Zoumba (krab) - J. Faine : Dictionnaire… p. 147. | J. Hilaire : Lexicréole… p. 167. -

KRAB ZOUMBA [N]:« crabe comestible à carapace bleu-violet.»
Mot d’origine espagnole : « zumba ou soumba : sonailles, à cause de certains sons émis par ces crabes … »

d’après Jules Faine.

Ce crabe aux pattes velues vit dans des trous humides. Dans le Nord, il est reconnu comme un bon « fortifiant » et est servi, dans le bouyon krab zoumba ( soupe au crabe zoumba), aux malades et aux convalescents.

Le renseignement fourni sur le krab zoumba par Jeannot Hilaire, à savoir :

« nom attribué à une variété de crabe utilisé par les sorciers » (HJ-276) ne concerne pas le Nord, à ma connaissance. » (MCNH, p. 200)

Max Manigat - maxmanigat[@]aol.com

* Max Manigat est l’auteur de: « Mots créoles du Nord d’Haïti. Origines – Histoire – Souvenirs » [MCNH] (2006) et du supplément: « Origines, Histoire et souvenirs de 600 mots créoles de ma jeunesse capoise » in « Cap-Haïtien. Excursions dans le temps. Au fil de nos souvenirs » (2014) pp. 223-346. Il est membre de l’AKA.

Expositions virtuelles

Organisez une exposition virtuelle avec villeducaphaitien.com

Contactez-nous sans tarder et c'est avec plaisir que nous discuterons ensemble de votre projet avec vous.